header_newsletter

EDITO

La promotion de la santé par les activités physiques en période de crise sanitaire.

L’épidémie de la Covid 19 et de ses variants met à mal les êtres humains, notamment les personnes les plus âgées et les plus vulnérables. Afin d’endiguer la propagation du virus et d’optimiser les soins, les gouvernements ont pris des décisions radicales : confinement, couvre-feu, isolement des malades. La recherche biomédicale prise de vitesse par cette maladie très contagieuse a néanmoins pu mettre en place, en un temps record, des vaccins testés et validés par les autorités sanitaires internationales et nationales. Le principal écueil reste logistique pour vacciner massivement des millions d’individus.
Pour autant, au-delà de la stratégie vaccinale, associée aux modalités de soin adapté, se pose la question des modes de vie chamboulés par les décisions gouvernementales, souvent étatiques, parfois locales. La succession de confinements, généralisés ou nocturnes, impacte les activités humaines : les déplacements sont réduits, le télétravail se généralise, les loisirs se replient sur le domicile, les rencontres se restreignent à un environnement proche (famille, voisinage, cercle amical…). Cette transformation des modes de vie a des impacts forts sur l’économie, sur l’écologie, mais aussi sur le bien-être physique, psychologique et social.

La promotion de la santé est alors saisie pour penser de manière holistique les rapports de l’humain à son environnement. La question de la préservation de la biodiversité pour maintenir les équilibres d’un écosystème fragilisé ne doit pas être occulté pour penser les relations entre l’humain et l’animal au cœur de la transmission de ces virus respiratoires. Les travaux anthropologiques et écologiques sont ici très précieux, notamment les analyses de Fréderic Keck ou Bruno Latour. https://www.dailymotion.com/video/x7z1lku ;
https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/redevenir-terrestres-avec-bruno-latour

Considérer les modes de vie, c’est aussi mettre en avant la question des défenses immunitaires liés aux modalités d’alimentation, mais aussi à l’activité physique. La recherche actuelle en nutrition insiste sur les impacts d’une nourriture moins sucrée, enrichie en vitamine La synthèse de Joffrey Zoll est éloquente : https://www.youtube.com/watch?v=FuMe1OtkUc8

En la matière, le maintien d’une activité physique régulière est aussi régulièrement mis en avant par la médecine du sport. S’y associent les chercheurs en sciences humaines et sociales, qui insistent sur les impacts psycho-sociaux essentiels pour le bien être humain. Les situations successives de confinement ont révélé alors la place prépondérante des activités physiques et sportives dans le quotidien de l’individu contemporain : en France, l’attestation dérogatoire a, dès mars 2020, autorisé les sorties pour la pratique physique, sportive ou récréative ; la pratique sportive sur prescription médicale a été maintenue pendant l’hiver 2021.
Les professionnels de l’activité physique et sportive, dans les clubs sportifs, mais aussi dans les associations des secteurs sociaux et médico-sociaux, ont alors fait preuve d’une ingéniosité remarquable pour maintenir une offre des services sportifs, le plus souvent à distance. Face aux décisions d’un gouvernement des experts, interdisant le plus souvent la pratique sportive, notamment à l’intérieur, les acteurs locaux ont proposé de réelles innovations sociales pour permettre le maintien d’une activité physique adaptée aux besoins des personnes, notamment les plus fragilisées : malades, âgées, déficientes…

Cette newsletter 2 propose de mettre en lumière quelques expérimentations innovantes de nos adhérentes et adhérents, révélatrices d’un dynamisme exceptionnel de ces entrepreneurs sociaux de bien être, qui changent la vie des autres. Elle ne peut malheureusement qu’être un reflet très réducteur de ces « innovations ordinaires », venues du bas, qui devraient renouveler les approches centralisées et verticales des gouvernements néolibéraux, bousculés aujourd’hui par une épidémie difficile à penser et à juguler par la technocratie en place !

Strasbourg, le 13 mars 2021.
Gilles Vieille Marchiset, Vice-Président de l’Institut Recapps





Continuer à faire bouger en confinement pendant la crise de la Covid. L’expérience de Siel Bleu en EHPAD


Mi-mars, en seulement 3 jours, la décision de confiner la population a été prise sans le temps de la préparation. Quelles en ont été les conséquences sur des personnes très fragiles, comme les résidents en EHPAD ? Et que peut faire une association qui vise à faire bouger, quand tout est à l’arrêt ? Quelles leçons en tirer ? C’est ce que nous esquisserons ici à partir de l’expérience de Siel Bleu.

Siel Bleu, une association de prévention et promotion de la santé par l’activité physique adaptée
Créée en 1997 l’association Siel Bleu est un opérateur national en prévention, principalement par l’activité physique adaptée comme outil d’amélioration de la santé, de la qualité de vie et du lien social. Aujourd’hui l’association accompagne chaque semaine 140 000 personnes fragilisées par la maladie et/ou le grand âge dans toute la France grâce au travail d’environ 700 salariés. Sur le terrain les « chargés de prévention » de Siel Bleu, qualifiés et compétents, diplômés en STAPS et embauchés sur des contrats pérennes, interviennent en institution (EHPAD, hôpitaux), en ambulatoire et au domicile des personnes. Les principes fondamentaux de Siel Bleu sont la non-lucrativité, l’accessibilité financière et géographique, le professionnalisme et l’innovation. Globale et organisée, Siel Bleu est aussi un lieu d’expérimentation « à ciel ouvert » ayant la capacité de développer des projets d’innovation et de recherches-action en lien avec des partenaires académiques

Le grand confinement, un choc pour les personnes âgées
Pendant le confinement de mars à mai, les EHPAD ont été totalement isolés du reste de la société. Les personnes âgées y résidant n’avaient plus aucune visite de leurs proches ; aucun professionnel extérieur dont les spécialistes d’APA ne pouvaient y intervenir ; les soignants n’avaient pas reçu de matériel de protection et de consignes sanitaires précises. De nombreux professionnels de Siel Bleu, restés en contact avec les équipes des établissements ont reçu des témoignages des conséquences délétères de ces mesures, où souvent les personnes étaient laissées sans aucune activité.
Ainsi en terme de santé publique, la balance bénéfices/risques du confinement devrait pouvoir être examinée. En effet, les recommandations et les bonnes pratiques prônées envers cette population fragile n’étaient plus appliquées : activité physique régulière et sociabilité entre pairs, lien social et stimulation intergénérationnelle, respect des droits et de la volonté des résidents.
D’après les témoignages, il en a résulté un fort sentiment d’abandon et une aggravation de l’état de santé lié au déconditionnement et à l’atteinte du moral, allant chez certains jusqu’à la dépression, le « syndrome de glissement » et parfois la mort. Cette démonstration a contrario de l’intérêt vital de l’AP a été terrible. Il faudrait (ou plutôt il aurait fallu) faire des études pour objectiver ce qui apparait comme un paradoxe amer : en voulant les protéger du virus et éviter la mort, on a surement aussi grandement nui à la santé.

Une mobilisation pour continuer à « bouger en confinement » et un apprentissage collectif
Dans ce contexte difficile et inédit, les membres de Siel Bleu ont cherché à faire au mieux individuellement et collectivement, de manière volontaire et bénévole. Ils ont développé, à différents niveaux de l’association des solutions à chaque fois que c’était possible :
. appels téléphoniques pour soutenir les professionnels, transmission de cours préparés afin de continuer les activités, élaboration et envoi de fiches d’exercices
. séances proposées en visio, tournages de videos postées sur le web, animation quotidienne d’une séance sur facebook live
. maintien d’un lien régulier avec les établissements qui n’avaient pas accès au numérique
. organisation d’une « réserve solidaire » qui a mis en forme tous ces contenus et travaillé sur de nouveaux programmes post-confinement
Les contenus et les activités proposées (dont 300 videos) ont été mises à disposition gratuitement, en libre accès, notamment sur le site internet dont la fréquentation est passée de 400 vues à 200 000 vues par mois, même si en EHPAD la « fracture numérique » a été un frein certain. Ce qui a entrainé d’ailleurs certaines évolutions de l’association quant au numérique.

A partir la fin du confinement, les EHPAD ont été autorisés à faire revenir en priorité les spécialistes de l’APA au fur et à mesure et au cas par cas. Les pratiques ont alors dû subir de multiples adaptations :
. la prophylaxie : gestes barrières et protocoles revus avec les autorités sanitaires, fourniture d’équipements de protection individuelle, livraison de matériel sportif aux établissements pour éviter la diffusion du virus ;
. l’adaptation des séances : animation de cours collectifs en restant à distance suffisante avec de nouveaux formats d’interventions (séances individuelles dans les chambres, interventions par demi-journée pour limiter les déplacements entre établissements, séances depuis les extérieurs « Gym balcon » et « gym parking »)
. la mise en place en interne d’une cellule d’accompagnement psychologique pour les professionnels touchés par les décès et la perte d’autonomie drastique des personnes

Par ailleurs, les outils numériques existants ont été améliorés en direction des personnes âgées en établissements notamment la possibilité pour chacun des chargés de prévention de faire des séances en visio ainsi que la plateforme web de Siel Bleu (Getphy), permettant de pratiquer à distance une activité physique avec un chargé de prévention.

Pendant le second confinement les cours dans les EHPAD ont été maintenus. Des séances en direct ont eu lieu tous les matins avec la création d’un programme « Bon Pied Matin ». Une équipe s’est constituée pour apporter une aide technique bénévole aux personnes qui n’arrivaient pas à se connecter.

Ce qui importe le plus
Pour un individu ou une organisation, une crise est une épreuve mais c’est aussi une « mise à l’épreuve » mettant en exergue ce qui importe le plus. Ainsi pour nous le confinement a souligné que :
. bouger est vital, non pas seulement au sens biologique mais bien existentiel du terme[1]. Bouger n’est pas une injonction hygiénique ni un but en soi mais un moyen privilégié permettant de (re)socialiser, vivre mieux, avec plus de plaisir, prendre des risques selon ses capacités.
. l’importance d’une vision plus globale de la santé et de la prévention, physique, psychique, relationnelle et sociale, alors même que cet épisode a été dominé par une vision biomédicale de la maladie.
. si le numérique est utile, et parfois indispensable, c’est un outil complémentaire qui ne remplacera jamais le contact avec un humain réel. Tout comme dans l’enseignement et le soin, la co-présence est indispensable à une relation d’APA qui reste intrinsèquement un corps à corps et une interaction sociale.
Voici quelques leçons, incitant à tout faire pour continuer à accompagner les personnes fragiles en tant qu’association.




Contact : https://www.sielbleu.org/

[1] A ce propos, on pourra se reporter à Soin du corps, soin de soi. Activité physique adaptée en santé. PUF, 2018.
siel-bleu

Maintenir l’activité physique (AP) en situation de confinement, un défi pour les personnes atteintes de maladies chroniques ?

L’activité physique adaptée et régulière fait désormais partie intégrante de la prise en charge des personnes atteintes de maladies chroniques. Malgré les bénéfices reconnus de cette pratique, y avoir accès fait encore partie des freins majeurs : en effet, ce public aux besoins spécifiques ne peut pas toujours pratiquer dans des conditions classiques et a une offre d’AP restreinte par rapport à la population générale. La crise sanitaire de la COVID 19 a accentué cette disparité d’accès à la pratique. Face à la forte réduction de l’offre d’AP depuis le début de la crise sanitaire, et sa totale suspension dans les structures sportives durant le premier confinement, d’autres modalités de pratiques se sont alors démocratisées afin de maintenir une continuité pédagogique et de limiter au maximum les conséquences dévastatrices que peuvent avoir l’isolement et l’inactivité physique.
La structure Mooven, experte dans la pratique à distance grâce à son système connecté spécifique VisioMoov® développé en 2012, a ainsi proposé ses accompagnements à distance à un public plus large pendant le confinement. Les programmes d’activité physique adaptées (APA) : entretiens initiaux, évaluations bio-psycho-sociales et physiques, bloc de séances définis à partir d’objectifs fixés avec le pratiquant et son équipe médicale, ont tous été réalisés par visioconférence depuis mars 2020.

Le principe est simple : les pratiquants effectuent l’entretien, les évaluations ou la séance d’APA en visioconférence en se connectant par l’intermédiaire d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone.
Qu’il s’agisse de séances en individuel ou en collectif, le contenu des séances répond aux objectifs fixés avec le pratiquant et est adapté à la forme et aux envies du jour. Le format des séances reste standard, mais la démarche pédagogique et les contenus sont adaptés à la visioconférence. Comme dans toute prise en charge en APA, la séance débute par un échauffement, qui permet à l’intervenant de faire un point sur l’état de forme du jour et les activités pratiquées depuis la dernière séance. Le corps de séance permet de travailler plusieurs dimensions (endurance, renforcement musculaire, équilibre, souplesse). Chacun évolue à son niveau et à son rythme. Le pratiquant est sollicité pour participer, interagir et faire évoluer les exercices. La séance se termine par des exercices d’étirements, de relaxation, et par un temps d’échange afin de connaître les ressentis du pratiquant pour pouvoir adapter au mieux les séances futures.
Cette démarche d’intervention propose une approche ludique du mouvement, qui tient compte des impératifs médicaux tout en s’adaptant au rythme imposé par la maladie, et en répondant aux demandes et envies des pratiquants grâce à une co-construction des exercices. Une méthode spécifique a été mise en place, qui respecte les principes suivants : plaisir, sécurité, personnalisation, adaptation. Les exercices proposés sont systématiquement adaptés de façon ludique pour favoriser l’investissement et le plaisir à pratiquer. Les séances en collectif sont privilégiées afin de favoriser le lien social entre les participants.
Durant la période du confinement, et en complément de leurs entretiens initiaux respectifs, des questions ont été posées aux pratiquants sur leur usage de la pratique d’activité physique à distance : craintes / espoirs vis-à-vis de la visioconférence, raisons de cet usage, modalités d’appropriation, contexte d’utilisation, avantages / désavantages.
Ainsi, nous avons pu constater que les participants possèdent des caractéristiques bio-psycho-sociales variées et représentent toutes pathologies, et tout degré de sévérité des maladies. Chacun peut donc participer à des séances d’APA à distance.
En utilisant des techniques de pédagogie et d’interactions spécifiques, nous avons pu constater que la visioconférence autorisait, au même titre qu’un accompagnement en APA en présentiel, la pratique d’une AP adaptée, progressive, variée, et sécurisée. L’accompagnement a donc levé la crainte de ceux qui, parmi les participants, avaient peur que la séance ne soit pas adaptée à leurs besoins, et moins variée ou dynamique qu’une séance à domicile ou à l’extérieur. Il a aussi dissipé les doutes de ceux qui assimilaient la visioconférence à des vidéos de gymnastique d’entretien, sans correction de mouvement, sans interaction ou encore sans possibilité d’intervention en cas de problème. En effet, associée à cette démarche pédagogique spécifique, un protocole spécifique a été développé pour garantir la sécurité des pratiquants pendant la séance et faciliter l’intervention des secours en cas de nécessité. L’observation du corps à partir de capteurs de mouvement, actuellement en phase-test, permettra de sécuriser encore davantage l’activité physique avec VisioMoov®.
Enfin, les pratiquants ont pu constater qu’une relation de confiance pouvait aussi se construire à distance, et même sans rencontre physique antérieure, à travers certains signes qui peuvent se partager malgré l’écran (traits d’humour, signes de bien-être ou de malaise, empathie, etc). La crainte d’une déshumanisation associée à la pratique de l’AP par la visioconférence et soulevée par certains pratiquants semble ainsi dissipée. Plutôt que d’accentuer l’isolement comme d’aucuns peuvent le laisser entendre, la visioconférence autoriserait à l’inverse de nouvelles interactions sociales.
En conclusion, la balance risques / bénéfices penche clairement en faveur de l’utilisation de la visioconférence pour maintenir le capital santé par l’AP pour ces personnes dont les plaintes bio-psycho-sociales sont accentuées par la crise sanitaire de la COVID19 et les mesures restrictives qui en découlent.
Amélie Fuchs & Lucile Bigot.

Contact : https://www.mooven.fr/

Les Jeux SAPATIC en oncopédiatrie : au-delà d’un défi !


La crise sanitaire de la COVID-19 et les mesures restrictives qui en découlent (confinements, couvre-feu, mobilité, …) ont fortement réduit un équilibre déjà fragile relatif à l’accès et au respect des recommandations de l’OMS en mesure d’activité physique et de sédentarité. Les effets secondaires de ces mesures de protection de la santé de la population générale se mesurent par leur impact sur la santé bio-psycho-sociale des personnes. Ces impacts, de plus en plus documentés dans la littérature scientifique, sont d’autant plus importants pour les personnes malades, isolées, précarisées et fragiles. Les enfants ne sont pas épargnés. Pourtant, des solutions existent pour freiner de telles conséquences délétères. Les Jeux SAPATIC© en font partie, voici leur histoire.
Les Jeux SAPATIC© ont été élaborés par Mooven, en partenariat avec l’association Des foulées Vous et la Ligue contre le cancer Occitanie en 2014. Il s’agit d’une compétition inter-hospitalière d’une demi-journée au cours de laquelle les enfants malades s’affrontent et partagent des jeux sportifs adaptés, en présentiel au sein d’une structure mais également à distance, entre hôpitaux. Ces jeux sont pour les uns l’aboutissement – ou moment fort – d’un parcours d’activités physiques adaptées, pour d’autres c’est l’occasion de découvrir l’activité physique dans un contexte ludique et partagé et de poursuivre ces activités. SAPATIC© est l’acronyme, choisi à bon escient par un jeune concerné par la maladie : Santé Activité Physique Adaptée utilisant les Technologies de l’Information et de la Communication. En français, il a une résonnance particulière et sympathique !

Dans nombre de services pédiatriques, il n’y a pas d’activités physiques encadrées dans le cadre du parcours de soin. Les Jeux SAPATIC© sont l’occasion de mettre en lumière l’impact positif des activités physiques auprès des jeunes « Sapathlètes » et de leur entourage, dans l’objectif d’intégrer des programmes d’activités physiques adaptées dans les protocoles de soin. Indépendamment de la situation sanitaire actuelle, ces enfants et adolescents rencontrent des freins à la pratique d’Activités physiques, du fait notamment du manque de programmes adaptés dans les structures et protocoles de soin. Les innovations proposées par Mooven et sa maîtrise du numérique, notamment de la mise en œuvre de programmes d’APA en Visio en services d’oncopédiatrie ou auprès d’autres enfants avec une maladie chronique prennent tout leur sens. Ils assurent ainsi une continuité de l’accompagnement, entre l’hôpital et le domicile, entre les services, et plus particulièrement au cours de la crise de la COVID 19, en assurant le maintien de la barrière sanitaire.

Ces jeux se déroulent tous les deux ans. Selon les années, en plus de la France, des hôpitaux de Belgique, Luxembourg, Suisse et Italie y ont participé. En 2020, du fait de la pandémie les jeux se sont déroulés intégralement en visioconférence. Près de 100 enfants ont relevé les 4 défis / jeux sportifs proposés. L’évaluation de la tenue et de l’impact de ces Jeux SAPATIC© exceptionnels nous ont conduit à envisager leur déploiement au-delà des frontières de l’Europe, avec comme objectif d’organiser en parallèle des Jeux Olympiques de Paris 2024 les Jeux SAPATIC© 2024 ou SAPATIC© Games 2024.

Les valeurs des jeux SAPATIC© portent sur l’éducation, le partage, la combativité et l’équité. La combativité est mise en avant d’une manière positive puisque relever des défis face à la maladie est leur quotidien, en relever d’autres sur le plan sportif est tout aussi extra-ordinaire que motivant. Le partage se fait avec les autres Sapathlètes qui vivent une situation similaire, mais aussi avec les professionnels, les parents, les bénévoles engagés dans l’aventure. L'éducation c’est permettre à ses jeunes d’assimiler tous les bienfaits d’une activité physique régulière au quotidien, sur leur qualité de vie bio-psycho-sociale. Enfin, l’équité est de permettre à chacun de participer selon ses possibilités, de prendre du plaisir et d’avoir les mêmes chances de remporter les défis, ce qui fait écho aux valeurs de l’esprit olympique où la pleine et entière participation de chacune et de chacun vaut plus qu’une médaille.

Mooven organise depuis des années ces Jeux SAPATIC© et est en mesure, grâce à son réseau local, national et international (IFAPA, UNESCO, ICSSPE), grâce également aux marraines, parrains et ambassadrices de concourir au rayonnement et à leur dissémination sur le plan international. C'est un réel challenge : cela suppose non seulement de prendre en compte les particularités locales, culturelles mais aussi les langues, les fuseaux horaires pour permettre des échanges entre les Sapathlètes, ce qui est au cœur de l’aventure !

Pour assurer la dissémination des Jeux SAPATIC©, il est nécessaire de développer des campagnes de sensibilisation, des formations et des ressources pédagogiques. L’objectif du développement à l’international des Jeux SAPATIC© est de déployer dans le monde de programmes d’APA dans les parcours de soin de ces enfants, adolescents et jeunes adultes en oncopédiatrie. Ces jeux s’intègrent pleinement dans les objectifs portés par l’UNESCO et des Nations Unies, notamment dans les politiques et recommandations en termes de santé, de participation sociale, d’inclusion. A cet égard et en écho à l’une des phrases clés de la convention internationale des droits des personnes handicapées “Rien pour nous sans nous” (“Nothing about us without us), nous envisageons la co-construction des prochains jeux avec les Sapathlètes, les professionnels, les bénévoles et les familles.

En leur permettant de bouger plus, de s’amuser et d’interagir, cette édition 2020 des Jeux SAPATIC© a non seulement rendu possible l’accès aux recommandations de l’OMS en matière d’activité physique, mais a également permis de diminuer l’impact de la crise sanitaire de la COVID-19 en proposant à ces enfants atteints de maladies chroniques, un engagement sportif, ludique, et collectif.
Claire Boursier & Ghislain Quai.

Contact : https://www.mooven.fr/
logo-mooven

« Confinés…mais pas figés »

« Le 16 mars 2020, alors que le Gouvernement annonçait un confinement général en France, les mille salariés de la Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé Au Travail Alsace-Moselle, emportant leur écran sous le bras, ont été priés de rester à domicile. Dans un contexte anxiogène et inédit, les télétravailleurs en herbe ont progressivement pu réaliser leurs missions, mais ont été confrontés à de nouveaux maux : postes inadaptés à domicile, diminution des déplacements actifs, stress, fatigue, douleurs, courbatures …
Alors qu’un travail autour des risques psychosociaux émergents en période de crise était engagé, j’ai été sollicitée par le pôle bien-être au travail (BET) pour proposer des solutions afin de limiter les Troubles Musculo-squelettiques, la fatigue oculaire et le comportement sédentaire. Le format et le mode de diffusion par mail des « fiches pratiques RPS » crées au fil de l’eau et ayant pour thèmes « les biais cognitifs » ou encore « déculpabiliser et faire face aux émotions négatives » étaient appréciées du personnel ; je décidais donc de m’en inspirer pour couvrir les risques physiques liés au télétravail.
Mais comment rendre ces supports attractifs ? En créant Ray’Flex, les deux mascottes du pôle BET. Ray (avec un problème ou des questions) et Flex (avec de bons conseils) sont toujours partants et de bonne humeur pour transmettre des messages de sensibilisation ou de prévention tels que « Bonjour Ray, n’as-tu pas le sentiment d’être un peu raide à force d’être statique ? » (F) – « Si, mes articulations craquent dès que je les sollicite différemment » (R) – « Pour développer ton amplitude articulaire et limiter les craquements de tes chevilles, suis les conseils de Ludivine » (F).

Comment faire adhérer les salariés à la pratique d’exercices physique ? En définissant une cadence hebdomadaire intitulée « Confinés, … mais pas figés ! » durant le confinement, puis « Déconfinés et … toujours pas figés ! » à partir de mi-mai. Avec la collaboration du pôle BET, deux fiches pratiques proposant des exercices posturaux pour différentes parties du corps (nuque, épaules, dos, poignets, doigts, jambes, chevilles) et des exercices de gymnastique oculaire ont été envoyées chaque mardi à l’ensemble des salariés. Chaque exercice décliné en trois niveaux pour être praticable par tous et toutes, sportifs et moins sportifs, avait pour but de se remettre en mouvement, soulager les douleurs musculaires ou articulaires, limiter la fatigue visuelle et d’être sensibilisé aux conséquences que pouvait avoir l’inactivité physique. De plus, pour rendre l’activité physique attractive et réduire le comportement sédentaire, j’ai élaboré un jeu de l’oie sportif interactif et numérisé que les salariés pouvaient pratiquer seul, en couple ou en famille. Ils ont pu tomber sur des défis sportifs, des exercices posturaux ou de renforcement musculaire, des questions de culture générale sur le sport ou sur des cases de prévention et de sensibilisation à la santé ; à la sédentarité et à l’activité physique. Enfin, une fiche pratique sur la respiration comprenant des éléments théoriques, des astuces pour bien respirer et des exercices à réaliser en cas de stress, d’anxiété, de fatigue ou lors d’une simple pause pour déconnecter a été transmise.
Quels ont été les apports ? Ces rendez-vous hebdomadaires étaient devenus une routine pour les salariés, qui témoignaient en tirer de nombreux bénéfices : « cela permet de débrancher quelques instants. Ce n’est pas long et pas difficile. Tout bénéfice », « le matériel personnel n’étant pas toujours adaptée au TLT, les douleurs se font rapidement sentir et cette prévention des TMS est appréciable ». En plus des bienfaits physiques, l’envoi des 24 fiches et du jeu de l’oie ont permis de maintenir un lien social altéré du fait du confinement, de faciliter la dissociation vie personnelle-vie professionnelle, de diminuer le stress.

Quel avenir pour l’activité physique à la Carsat AM ? Ces actions mises en place durant le premier confinement s’inscrivaient dans la continuité du projet ergonomie déployé par le pôle BET qui consistait à donner aux salariés des conseils théoriques sur l’installation ergonomique au poste de travail lors d’une séance collective et de proposer une rencontre individuelle permettant d’analyser l’installation du salarié et de lui proposer des solutions (phase 1). Puis proposer des gestes détente à pratiquer à son poste de travail seul ou à plusieurs sans matériel supplémentaire sera l’objectif de la phase 2.
Etant donné le succès de mes actions en faveur de l’AP en 2020, j’ai la mission durant mon stage de master 2 en 2021 de proposer le concept « une pause sportive et … je me réactive ! » adaptée aux besoins de chaque salarié pour favoriser un comportement de vie actif en télétravail ».
« Transformer sa crise en opportunités n’est pas impossible en dosant Esprit d’équipe, Dynamisme, Innovation et Solidarité » Flex et Ray, pôle BET, 2020

Schwing Ludivine, étudiante en master 2 Activités Physiques Adaptées et Santé, Ingénierie et Développement (APAS-ID) à l’Université de Strasbourg et stagiaire au pôle Bien-être au Travail de la Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail Alsace Moselle, 26 février 2021.

Image projet-1

« Sport Santé Sur Ordonnance » : un dispositif d’autonomisation de pratique d’activité physique pour ses bénéficiaires ?


Introduction:
La sédentarité, qui représente « une dépense énergétique inférieure ou égale à la dépense de repos en position assise ou allongée » (ANSES 20116), est un problème de santé publique. En effet, les chiffres de l’Assurance Maladie montrent une réelle augmentation de la sédentarité au fil des ans. Cette hausse de la sédentarité engendre un développement du nombre de maladies chroniques, tel que l’obésité, le diabète ou les maladies cardio- vasculaires par exemple. Pour des raisons d’ordre de santé et d’économie, les politiques actuelles ont pour objectif la promotion de la santé. Cela passe par une prévention continue auprès des citoyens, qui prend en compte l’activité physique. C’est pourquoi, le dispositif Sport Santé Sur Ordonnance de Strasbourg a vu le jour. Sa mise en place en 2012 a pour objectif d’accompagner ses bénéficiaires vers un mode de vie actif et une pratique d’activité physique régulière afin de lutter contre ce manque et ses répercussions sur la santé.
Le contexte de l’année 2020, avec l’apparition de la Covid-19 en France, et surtout de périodes de confinement et d’interruption de ce dispositif, nous a donné la possibilité de pouvoir évaluer à court et moyen terme la répercussion du dispositif sur la pratique d’activité physique en autonomie de ses bénéficiaires. Cette recherche avait pour objectif de mettre en évidence que le dispositif Sport Santé Sur Ordonnance de Strasbourg, permet l’acquisition d’une
autonomie de pratique d’activité physique pour ses bénéficiaires durant le temps de confinement en France dû à la Covid-19.

Méthodologie:
Pour réaliser cette évaluation, une méthodologie de recueil et d’analyse des données quantitative a été appliquée. Il s’agissait d’explorer en profondeur l’expérience des bénéficiaires du dispositif SSSO de Strasbourg : physiologiquement, sociologiquement et en rapport avec leur vécu au sein du dispositif. En raison du contexte particulier, limitant les interactions sociales, le choix du questionnaire a été retenu. Ce choix a permis une collecte de résultats plus importante. Cette recherche s’est effectuée sur un échantillon de 100 bénéficiaires inscrits au sein du dispositif Sport Santé Sur Ordonnance de Strasbourg, soit un huitième de la population cible totale. Cette recherche s’appuie donc sur différents facteurs afin d’avoir des précisions sur les indicateurs influençant le taux de pratique des bénéficiaires durant le confinement en France.

Résultats:
Les résultats montrent un taux de pratique d’activité physique régulière, de manière autonome, 23% supérieur pendant le confinement comparé à la période précédant l’entrée dans le dispositif.

Ce chiffre reste cependant à nuancer en fonction de certains indicateurs. En effet, les facteurs physiologiques (comme le sexe ou l’âge) ne semblent pas influencer ce taux de pratique contrairement aux facteurs sociologiques (comme le niveau d’études ou les antécédents sportifs) ou aux facteurs relatifs au dispositif (comme les motivations à intégrer le dispositif ou la fréquence de présence aux séances).

Discussion:
Cette étude a donc mis en lumière l’effet bénéfique en termes d’autonomisation de pratique, qu’a eu le dispositif SSSO de Strasbourg sur ses bénéficiaires durant le premier confinement dû à la covid-19. Ces résultats sont encourageant et valident le fait que ce dispositif constitue un vrai support de prise en charge thérapeutique et éducatif en termes de promotion de la santé par la pratique d’activité physique régulière.

Conclusion:
Dans cette recherche, nous avons conclu que le dispositif Sport Santé Sur Ordonnance de Strasbourg permet une augmentation du taux de pratique en autonomie d’activité physique durant le confinement en France dû à la Covid-19 pour ses bénéficiaires, c’est-à-dire à court et moyen terme. Nous pouvons donc observer ici les bénéfices des politiques de santé publique en matière de prévention et de promotion de la santé. Mais cette augmentation est à mettre en relation avec les indicateurs personnels, relatifs au dispositif et sociologiques qui font varier ce taux

Bibliographie :
• Ammouche, A. M. (2018, 1 février). Le poids grandissant des maladies chroniques. Consulté à l’adresse https://www.egora.fr/actus-medicales/sante-publique/35569-le-poids-grandissant-des-maladies-chroniques
• Assureur prévention. (2015, juin). 4ÈME BAROMÈTRE SUR LE NIVEAU D’ACTIVITÉ PHYSIQUE OU SPORTIVE DE LA POPULATION FRANÇAISE. Consulté à l’adresse https://www.assurance-prevention.fr/barometre-sur-le-niveau-dactivite-physique-ou-sportive-aps-et-de-sedentarite-de-la-population-francaise-adulte-2015
• Haut Autorité de Santé HAS. (2016). Présentation générale. Consulté à l’adresse https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/presentation_generale_rbpp_sante_mineurs_jeunes_majeurs.pdf
• Sandrine Knobé. (2019). La prescription médicale d’activité physique et perspectives socio-économiques. Santé Publique, 31(6), 827-836. Consulté à l’adresse https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2019-6-page-827.htm
• Sport Santé Sur Ordonnance - rapport d’activité 2016. (2017). Consulté à l’adresse https://www.strasbourg.eu/documents/976405/1560468/0/b418f431-08b5-5f8d-71b9-3fc48ea370b6
• Sport santé sur ordonnance à Strasbourg. (2019). Consulté à l’adresse https://www.strasbourg.eu/sport-sante-sur-ordonnance-strasbourg
• Ville et Eurométropole de Strasbourg. (s. d.). Sport santé sur ordonnance à Strasbourg. Consulté le 17 juin 2020, à l’adresse https://www.strasbourg.eu/sport-sante-sur-ordonnance-strasbourg

SCHRODI Marlon, Professeur en activité physique adaptée, Maison Sport-Santé de Strasbourg.

Sport non encadré chez l’adolescent, quels risques ?


Le confinement et les restrictions dues à la crise sanitaire ont amené les pratiques
sportives à se modifier et à s’individualiser. Dans une course à la perfection physique
et à l'acceptation de son corps, quelles conséquences une infirmière en pédopsychiatrie a-t-elle pu déceler chez un jeune public ?

“ Un repli sur soi, un état dépressif ”.
Voici le constat de Karine, infirmière en Centre médico-psychologique (CMP), concernant l’état psychologique de ses patients adolescents.
Du moins pour la première phase du confinement de mars. En effet la professionnelle de santé distingue deux périodes très distinctes dans la pratique sportive durant le confinement. La première intervient après l’arrêt de la pratique sportive encadrée, notamment pour les sports collectifs. “ Sans stimulation de leurs pairs et sans coachs, la perte de motivation, la perte de repère de temps, de socialisation a entraîné petit à petit un arrêt d’activité sportive, mais aussi d’envie de manière plus globale. ” commente l’infirmière en CMP.
Cette perte d’envie et de motivation conduit à une routine chez l’adolescent qui se conforte dans ce mode de vie. “ Les jeunes ont commencé à ne plus prendre soin d’eux, à ne plus s’habiller qu’en pyjama ou en jogging. Ainsi au fil du temps, l’image renvoyée par leur miroir était négative, déformée, qui a entraîné un besoin de réinvestir cette image. ”

Maîtriser son corps et sa vie
C’est après cette prise en compte que la seconde phase débute chez l’adolescent. Reprise du sport, notamment par l’intermédiaire de la musculation mais aussi le commencement de régimes alimentaires. Selon l’infirmière en CMP, cette reprise en main du corps permettrait d’avoir la sensation de maîtriser sa vie à nouveau également. Avec l’arrivée de résultats et le non-accompagnement autour de la pratique sportive et du rééquilibrage alimentaire, l'adolescent en vient à des dérives. “L’adolescent grisé par de si bons résultats a poursuivi ses efforts puis progressivement s’est montré plus sélectif au niveau des aliments, jusqu’à devenir très restrictif. “ Ces attitudes ont pu entraîner d’importantes pertes de poids avec malgré tout une image toujours négative de soi n’ayant aucun reflet sociétal, amenant un nouveau type de trouble anorexique. ”

Un nouveau type d’anorexie
Habituellement, l’anorexie se caractérise par l’absence de prise de conscience chez la
personne malade. Ici, l’adolescent se rend compte qu’il est rentré dans une démarche
anorexique. “ L’adolescent accepte le soin et est demandeur d’aide car il a conscience de sa maigreur, il a le désir de grossir, de manger. Mais il est dans l’incapacité de lutter contre le schéma psychologique qu’il a construit de manière inconsciente pour maîtriser son corps et donc sa vie.”


PENARD Alexandre, FERTIN Laurène, SERGEANT Hugo, BIZERAY Martin, KUPFERLE Aglaé
École supérieure de journalisme, LILLE.

Découvrez nos derniers articles

Parution : Dossier SociologieS

L'activité physique. Objet de santé publique : fabrique, diffusion et réception de nouvelles normes de santé active.
https://journals.openedition.org/sociologies/15608
logo-footer-newsletter
MailPoet