Julien Cazal

  • Maître de conférences à l’UFR STAPS de l’Université Rennes 2 depuis 2015
  • Chercheur au laboratoire Violences, Innovations, Politiques, Socialisations et Sports (VIPS², EA 4636), Université Rennes 2
  • Responsable pédagogique de la Licence Activité Physique Adaptée et Santé (APA-S, site de St-Brieuc) depuis 2015
  • Membre élu au CA de l’Institut de Recherche Collaborative sur l’Activité Physique et la Promotion de la Santé (ReCAPPS) =
  • Référent universitaire formations paramédicales IFPS de St-Brieuc
  • Thématiques de recherche : prévention des maladies chroniques, éducation pour la santé, savoirs expérientiels et pratiques corporelles dans le domaine des maladies chroniques, processus d’empowerment du patient

Orientations des recherches

Mes travaux s’inscrivent dans le champ de la prévention des maladies chroniques et de l’éducation pour la santé. Je m’intéresse plus particulièrement aux conditions dans lesquelles un patient ou une personne vivant avec une maladie chronique devient acteur et plus autonome dans la gestion de sa santé ou de sa maladie. Les enjeux et les approches sont doubles : ils sont examinés tant du point de vue des institutions et des politiques publiques qui cadrent cette « autonomie » (promotion de modes de vie actifs, lutte contre la sédentarité, plans sport-santé, etc.), que du point de vue des personnes concernées à travers la question des savoirs liés à l’expérience de la maladie (patients ressources ou patients experts dans des programmes d’éducation thérapeutique, associations de malades, …). Sur le plan théorique, mes travaux se situent au croisement entre la sociologie des maladies chroniques, la sociologie du corps ou encore la sociologie du risque.

Principaux travaux et contrats de recherche en cours

Mon premier travail de recherche (doctorat en STAPS soutenu en 2012 à l’université Toulouse 3 sous la direction J-P. Génolini et J-P. Clément) portait sur la prévention des maladies cardiovasculaires et le « travail » du milieu médical pour inciter les patients à modifier leurs habitudes de vie (activité physique, alimentation) dans un sens plus favorable à leur santé. Une enquête ethnographique (observations de terrain, entretiens) avait été réalisée entre 2008 et 2012 au sein d’établissements de santé spécialisés dans la prise en charge des facteurs de risque et la réadaptation cardiaque. La recherche avait notamment montré qu’en fonction du stade de la maladie, la formation à l’autonomie en matière de santé reposait sur des logiques éducatives différentes : individualiser le risque cardiaque (cas du dépistage) pour le rendre tangible par le patient (Cazal & Génolini, 2013) ou collectiviser l’expérience de la maladie (cas de la réadaptation) pour éduquer le patient aux nouvelles limitations induites par l’accident cardiaque (Cazal & Génolini, 2015). Dans un cas comme dans l’autre, le corps est l’objet à partir duquel le patient apprend à gérer la maladie, en particulier dans le cas de la réadaptation où il doit changer le sens de ses pratiques physiques quotidiennes. Le travail montrait par ailleurs que l’éducation du patient en vue d’agir sur ses comportements de santé (activité physique, alimentation, etc.) existait certes de façon formelle au sein de programmes d’éducation thérapeutique dédiés, mais qu’elle traversait aussi, de façon plus informelle, l’ensemble des interactions soignants-patients (Cazal, Génolini & Clément, 2011).

Dans le prolongement des travaux précédents, mes recherches s’orientent actuellement sur la question des pairs et des savoirs liés à l’expérience dans le cadre de la gestion d’une maladie chronique. En collaboration avec d’autres chercheurs (anthropologues, historiens, sociologues) et dans le cadre d’un contrat de recherche avec l’IReSP (AAP 2019, « Handicap et Perte d’autonomie »), je m’intéresse cette fois au rôle des pairs dans la production de savoirs et de savoir-faire dans et autour de l’activité physique. L’originalité du travail est de pouvoir croiser différents « mondes sociaux » dans lesquels les personnes qui vivent avec une maladie chronique sont amenées à produire, échanger et s’approprier des savoirs issus de leurs expériences diverses (physiques, corporelles, sportives, etc.) et non nécessairement liés au milieu médical. Plusieurs terrains d’enquête sont prévus, issus à la fois du monde médical (dispositifs d’activités physiques adaptées (APA) dans des programmes d’éducation thérapeutique) et du monde associatif dans lequel patients ou simples adhérents évoluent dans des espaces qui favorisent le partage d’expériences autour de la maladie. L’objectif général est double : d’une part il s’agit de mieux comprendre ce qu’est un savoir d’expérience et comment il se distribue socialement ; d’autre part de mieux comprendre les effets de ces savoirs sur la gestion de la maladie chronique en fonction des contextes (pratiques autogérées par les personnes concernées ou gérées par le milieu médical).

Principales publications

Cazal J., Génolini J.P., Clément J.P. (2011). « Risques et malentendus : à propos du rôle de l’activité physique dans la prise en charge du risque cardiovasculaire ». In Boutroy, E., Perrin, C., Piche, C., Vignal, B. (dir.), La recherche en sciences sociales du sport : quelle(s) utilité(s) ?, Paris, Sports en Société, L’Harmattan, pp. 197-216.

Cazal J., Génolini J.P. (2013). Prévenir le risque cardiovasculaire : le travail éducatif au cœur du dépistage. Sciences Sociales et Santé, 31/2, 5-30.

Cazal J., Génolini J.P. (2015). Apprendre l’hygiène de vie après l’accident cardiaque : la figure contractuelle de l’auto-soignant. Sociologie, 6/3, 241-262.